Écoutant les explications détaillées d’Émeline Daniel, nous avons découvert la peinture classique au musée du Berry et particulièrement celle de Jean Boucher, le peintre berruyer le plus célèbre de l'époque moderne. Jean Boucher a perfectionné son art en faisant plusieurs séjours à Rome, à Paris, à Fontainebleau, mais c'est à Bourges qu'il a son atelier, dans le pilier-butant de la cathédrale. Il est très actif entre 1610 et 1630 et reçoit de nombreuses commandes de régions voisines, jusqu'à la Normandie et l'Anjou, signe que son talent est reconnu. Jean Boucher se considère d'ailleurs comme l'égal de Rubens.
Jean Boucher reçoit surtout des commandes religieuses, ce qui est normal dans l'esprit de Contre-Réforme qui règne alors en France. Ainsi le tableau de droite représente saint Sébastien. Il est daté de 1627, époque où Bourges est souvent frappée par des épidémies, or ce saint était invoqué contre ces maladies contagieuses. Autre peinture religieuse exposée au musée du Berry, le triptyque de saint Jean-Baptiste (ci-dessous) est daté et signé sur le rocher : "I BOUCHER FECIT ET DEDIT 1630". Cette peinture est remarquable par sa qualité, mais aussi du fait que c'est un des rares exemples du XVIIe siècle où l'artiste est son propre client. En effet, Jean Boucher a fait son auto-portrait à gauche, avec sa palette de peintre, et a représenté sa mère en prière à droite. Ce tableau était destiné à être un retable dans la chapelle funéraire de la famille Boucher dans l'église Saint-Bonnet. C'est le signe de la richesse et de l'importance sociale acquise par Jean Boucher. |
Ce tableau de l'Amour vainqueur (à droite) est intéressant car il est la seule peinture profane qui nous reste de Jean Boucher. Cet enfant nu représente Cupidon, le dieu de l'Amour comme nous le rappelle son carquois et son arc qui décoche ses flèches amoureuses. Cela est confirmé par l'inscription en bas à gauche "OMNIA VINCIT AMOR", qui signifie que l'Amour vainc tout et donc qu'il domine le monde. |
La semaine d'après, lors d'un atelier au musée du Berry dirigé par Émeline Daniel que nous remercions, nous avons découvert comment Jean Boucher et les peintres de son atelier travaillaient. Ils peignaient sur des panneaux de bois, comme le triptyque, ou sur une toile de lin qu'il fallait tendre sur un châssis, un cadre de bois. On a étalé de la colle de peau sur la toile afin que la peinture ne passe pas à travers. Cette colle sent mauvais comme on le voit sur les photos.
Nous avons ensuite préparé les peintures avec des pigments naturels (végétaux ou minéraux) qu'il fallait lier avec du jaune d’œuf (peinture a tempera) ou avec de l'huile de lin (peinture à l'huile)
Enfin, nous avons pu exprimer tous nos talents de peintres... un futur Jean Boucher est peut-être parmi nous !